Chapitre 6

ACTION MORALISANTE
DU RYTHME DE LA PENSÉE


D'abord, lorsqu'une pensée précise est ainsi associée aux balancements et que le rythme favorable est trouvé, elle passe par des sortes de crises aiguës où elle est infiniment plus intense, et cela est surtout vrai pour le sentiment qui en émane.

Puis, elle a tendance à s'harmoniser avec le milieu ; la rêverie devient plus facilement action. La pensée, en effet, s'organise autrement. Le fait fondamental est que cette évolution se fait dans un sens moral. Il en découle que les pensées sont plus réalisables que lorsqu'elles sont façonnées par les forces antisociales du subconscient. Notons cependant qu'il faut souvent prolonger un certain temps le balancement associé à une pensée, pour observer l'évolution de la pensée vers une amélioration morale.

Cette action moralisante, sans effort de la volonté, est particulièrement sensible dans le domaine des forces sexuelles.

La sexualité est la plus grande réserve de forces potentielles de l'individu. Le plus petit couple de pucerons comblerait rapidement tout l'univers visible par sa descendance si sa force sexuelle n'était sans cesse contrebalancée par les réactions qu'elle engendre, en particulier dans les possibilités d'alimentation. Donc, les images mentales projetées dans notre conscience par la sexualité recèlent d'inépuisables sources d'énergies. Or, les écoles philosophiques et religieuses ont toujours âprement discuté sur les moyens de transformer ces énergies potentielles en forces mentales.

Un des effets les plus spectaculaires des balancements Subud est la transformation des rêveries les plus vulgaires en images purifiées, élevées, radieuses, en harmonie avec le cadre social. Toute pensée prend un rythme si elle est accompagnée de ces balancements. Ainsi, les fantasmes sexuels deviennent des danses esthétiques, sans effort de la volonté dans le sens ordinaire du terme. Dans les expériences que nous avons faites, il faut environ une heure de balancement avec une pensée déterminée pour que cette évolution se déclenche.

On comprend que, par le passé, les mystiques qui se sont astreints à cet entraînement aient appelé Dieux et Déesses les formes mentales venant remplacer l'imagination courante. Nous suggérons une explication de ces faits, mais personne ne peut sous-estimer leur conséquence sociale.

Lorsque ces images mentales sont ainsi associées à celles qui nous sont familières, et en particulier aux rêveries de l'endormissement, (probablement en raison d'une harmonie particulière entre ce geste et l'endormissement, comme le prouvent les balancements de l'enfant), elles ont une tendance naturelle à se continuer en esprit pendant le passage de l'état de veille à l'état de sommeil. L'image cénesthésique de notre corps, comme l'appelle si justement Lhermitte, devient la proie de sensations intenses de balancements, donnant une impression subjective parfaite de séparation du corps et de l'âme.