Chapitre 9

TRANSMISSION TÉLÉPATHIQUE
DE L'INITIATION


De plus, l'apport d'un rythme dans la pensée par l'encéphale est probablement l'explication du phénomène d'initiation "par contact", comme celui conféré par Subuh, ou par imposition des mains, comme celle que j'ai reçue de Galip.

Les travaux de Warcollier, Rhine, de Cressac, Dumas, ont mieux fait connaître la télépathie. Celle-ci présente certains caractères parmi lesquels il faut citer la télépathie-retard et la télépathie plastique.

La télépathie-retard est constituée par le fait que le percipient peut ne recevoir la pensée émise que quelques jours après l'émission.

La télépathie plastique est constituée par une certaine adaptation de l'image reçue à la personnalité du sujet.
Si, par exemple, l'émetteur cherche à transmettre l'image d'un bol et d'un couteau, le sujet récepteur dessinera un bol et un crayon. La première image a été transmise exactement, la deuxième déformée par la pensée d'un objet ressemblant qu'il avait sous les yeux.

Or, si la télépathie existe, théoriquement, elle se multiplie à l'infini par l'introduction d'un rythme dans la pensée du sujet émetteur.

Frappons un plan d'eau à intervalles irréguliers. D'après les lois du seul hasard, il y a autant de coups qui tendent à détruire le reflux de l'onde que de coups la renforçant. L'ensemble s'annule : il n'y a qu'un clapotis local. Théoriquement, un tel mouvement ne se transmet pas.

Frappons, au contraire, un plan d'eau avec une barre, à intervalles réguliers et égaux, à la période de l'onde provoquée par une seule percussion, période qui dépend de la forme de la barre, de la violence du choc et du degré de viscosité de l'eau. Il se formera un train d'ondes permanent, théoriquement d'extension infinie.

Les possibilités télépathiques, rudimentaires dans l'état habituel, sont multipliées à l'infini, théoriquement, si l'organe qui émet la pensée est rythmé avec précision, comme c'est le cas lorsque le balancement adéquat est associé à l'effort d'imagination, le tout régularisé à l'aide d'un métronome.

Grâce à cette puissance télépathique exceptionnelle, un dépôt de force est constitué dans le candidat à l'initiation. Comme dans le phénomène de télépathie-retard, cette force se manifeste quelque temps après avoir été transmise. Il en a été ainsi lors de notre initiation par Galip, puisque c'est un mois après que des phénomènes intérieurs se sont produits. C'est de trois à six mois plus tard que s'est fait sentir "l'effet Subud".

Nous connaissons également le cas d'une personne en France qui a été touchée au poignet pendant quelques instants par un authentique yogui. Elle a ressenti, sur le moment, comme un courant chaud qui pénétrait dans tout son corps. Mais c'est seulement quinze jours plus tard qu'elle a eu une magnifique vision, accompagnée d'un état d'illumination qui a duré un quart d'heure environ. Il s'agit bien d'une "initiation" au sens étymologique du terme, c'est-à-dire d'un début, d'une entrée sur le sentier par un aperçu de sa splendeur ; cette initiation donnée la première fois par télépathie doit être entretenue par des exercices.

Le phénomène de télépathie plastique explique pourquoi l'effet est adapté à chacun : l'initié transmet une seule idée, l'idée de Dieu à laquelle il est parvenu à s'élever ou, si l'on préfère, l'image du point de concentration, complexe et mouvant, du soleil intérieur que les autres exercices, respiration et convergence oculaire, ont provoquée en lui. (Voir notre ouvrage "Les Homologies".)

Par un long travail, cette image est parvenue à être tout à fait hors des limites habituelles de l'imagination, donc indescriptible, inaccessible au non-initié. Mais par ce rythme dans le cerveau, consécutif aux balancements, la transmission télépathique de cette image mentale indescriptible devient possible. Tel est le véritable "enseignement ésotérique". "La grande force de vie", comme l'appelle si justement Subuh, réveille dans le sujet ce qui est le plus proche de l'idée de Dieu, ce qu'il y a de meilleur en lui.


Enfin, relevons une explication complémentaire du lien entre les balancements de la tête et la moralité : nous avons dit plus haut qu'un phénomène ondulatoire se propage mieux qu'un phénomène chaotique s'il possède un plus grand pouvoir de pénétration.

Ainsi, le sujet, dont la pensée rythmée multiplie le pouvoir télépathique, possède une plus grande force de pénétration dans autrui. Son rayonnement habite les autres. Dès lors, il agira envers les autres comme envers lui-même puisqu'il est "dans" les autres par un rayonnement plus pénétrant. Agissant envers les autres comme envers lui-même, il sera un homme plus moral. Et, assurément, il les connaîtra mieux, par un phénomène comparable au radar utilisé par la chauve-souris pour se diriger, ce qui explique peut-être la clairvoyance accrue quand la pensée devient rythmique grâce aux balancements Subud.

Certains passages de l'Évangile nous apparaissent maintenant sous un jour nouveau. Si rythmer le cerveau rythme la pensée, on comprend mieux comment ont jailli du Christ ces commandements balancés, tellement construits sur la loi de la nature qu'ils ont marqué l'histoire. On saisit mieux également cette interpénétration permanente entre le Père et Lui, Lui et ses disciples : "Moi et le Père sommes un" (Jean X, 29). Nous avons donné dans "Puissance du Christianisme (Magie chrétienne)" une liste de paroles du Christ frappées du sceau de cette symétrie.

Nous sommes persuadés que, par les balancements Subud, nous avons la clé qui ouvre la porte séparant la magie de la science, leur permettant de se déverser l'une dans l'autre, de se féconder mutuellement, pour une transformation totale de la civilisation.