Chapitre 4

L'EXTÉRIORISATION DU DOUBLE LUMINEUX
PAR LE BALANCEMENT MENTAL ANTÉRO-POSTÉRIEUR
DE DEUX SECONDES


1. Fréquence de la vision autoscopique spontanée :


Voici maintenant une autre classe de phénomènes, bien qu'elle soit apparentée au dédoublement que je viens de décrire. Ici, on n'a pas la sensation d'être extériorisé, mais on perçoit devant soi une forme humaine lumineuse, qui est probablement le double éthérique.

Ce type de phénomènes est évidemment apparenté à l'hallucination autoscopique, étudiée en neurologie, au cours de laquelle le sujet perçoit devant lui sa propre image. La plus célèbre est celle de Musset "Un étranger vêtu de noir qui me ressemblait comme un frère ". Goethe a présenté aussi ce phénomène. Il paraît plus fréquent chez les génies que chez le commun des mortels.

Mais la différence entre l'autoscopie et ce que nous étudions ici, c'est que cette nouvelle expérience paraît une étape au-dessus de la précédente : le sujet perçoit ce que les Soufis appellent " le corps de lumière ". Cette perception devant soi de son propre double lumineux est moins difficile à provoquer que l'on ne croirait. Dans des conditions équilibrées et agréables, on sent que ces phénomènes vont dans le sens général de l'évolution.

2. Méthode saine pour la provoquer :


En effet, il y eut une période où je donnais un seul exercice à plusieurs de mes élèves, au début de leur entraînement ; exercice qui consiste à imaginer une petite tache lumineuse blanche oscillant du milieu du front à mi-hauteur, jusqu'à l'occiput, sur le rythme de deux secondes (une seconde pour l'aller, une seconde pour le retour). Cet exercice devait être fait principalement le soir en s'endormant. Or, plusieurs ont eu à diverses reprises, après quelques semaines ou mois d'entraînement, la vision d'un corps humain lumineux, vision très belle et très impressionnante, ceci en dehors de toute interprétation religieuse. Il est à noter que ni ces personnes ni moi-même ne nous attendions à un tel résultat. La vision, de temps à autre, d'une forme humaine lumineuse est donc un des effets de la pensée rythmée sur deux secondes. C'est un fait expérimentalement vérifiable et qui n'est pas tout à fait inexplicable sur le plan neurologique. (Voir Développement des pouvoirs supra-normaux de l'esprit par la pensée au sixième de seconde).

Ceci est peut-être l'explication des apparitions de Bernadette qui, d'instinct, entretenait ce rythme dans sa pensée par la récitation du chapelet. D'autres de mes élèves obtenaient une sensation de transport en esprit, en un autre lieu, ce qui représente une forme plus profonde de l'extériorisation : la conscience est transférée dans le double. J'en rapporte quelques exemples dans le tome II de Expériences Initiatiques.

Mais revenons au cas de Bernadette, qui est celui qui nous intéresse ici.

3. Est-ce son propre double éthérique que Bernadette a perçu?


Un rythme introduit par la pensée dans le corps éthérique (qu'on appelle aussi corps subtil ou fantôme du sujet), peut l'extérioriser. Une des interprétations possibles des apparitions de Bernadette, c'est qu'elle percevait, comme je viens de le dire, son propre double ou corps éthérique, extériorisé par la pensée rythmée sous forme de récitation de chapelet. Un des faits qui parle en faveur de cette interprétation, c'est qu'elle a décrit cette apparition comme ayant la taille et l'allure d'une petite fille.

Il faut aussi remarquer le parallélisme entre la vie de Bernadette et celle du Padre Pio : lui aussi, dès l'âge de six ans, était berger et récitait des chapelets continuellement. Ses dons supranormaux ont été constatés par des milliers de personnes, en particulier sa possibilité de se manifester à distance. Ces deux cas et bien d'autres, tendent à montrer que, lorsque l'on s'entraîne très jeune à la pensée rythmée, la croissance du cerveau est orientée dans une certaine direction qui est celle au bout de laquelle se trouvent les pouvoirs supranormaux de voyance et de dédoublement.

Les jeux de Bernadette nous importent aussi beaucoup. Elle n'en avait que deux : tout en gardant ses moutons, elle élevait de petits autels de cailloux à la Sainte Vierge et les décorait de bouquets naïfs. Ainsi, sa pensée et ses actions restaient concentrées sur une seule idée du matin au soir, idée unique soutenue par la pensée rythmée. Ce sont deux conditions de base de la pratique du Yoga mental et de l'obtention de dons supranormaux, dont l'éveil de la clairvoyance.

Nous retrouvons ce cheminement de la pensée vers la force qui jaillit de la concentration de l'esprit sur un point, par sa passion pour tout ce qui est petit ; d'où son indulgence touchante pour son plus jeune agneau lorsqu'il renversait ses autels d'un coup de tête.

Souvenons-nous de "Ce point que le mystique seul connaît ", de l'Évangile selon Saint Thomas. Grâce à la vie naturelle qu'elle avait, elle manifestait ce point dans sa passion pour les très petites choses.
Nous parlerons plus loin du deuxième de ses jeux auquel elle s'adonnait après le travail.